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Sur les quarante et un membres du gouvernement de Michel Barnier, quatorze ministres et secrétaires d’Etat ont été formés en partie ou entièrement en écoles de commerce, soit un tiers de l’équipe. Une proportion bien plus élevée que dans les précédents exécutifs, selon les décomptes du politiste Luc Rouban, directeur de recherches au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), spécialiste de la sociologie des élites et de l’évolution de la démocratie représentative.
Le premier ministre Michel Barnier est lui-même diplômé de l’Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP) en 1972, et s’est entouré, entre autres, du ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (MoDem), détenteur d’un doctorat obtenu à HEC, où il enseignait la finance d’entreprise avant sa nomination, ou de Marc Ferracci (Renaissance), ministre chargé de l’industrie, aussi diplômé de HEC et agrégé en sciences économiques, spécialiste du système d’assurance-chômage.
La ministre de l’écologie Agnès Pannier-Runacher (Renaissance) a également été diplômée de HEC, en 1995, avant de passer sur les bancs de Sciences Po et de l’Ecole nationale d’administration (ENA), tout comme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du travail et de l’emploi, formée à HEC, en 1994, Sciences Po Paris et à la Harvard Kennedy School of Government. Elle a conseillé Emmanuel Macron à Bercy avant de cofonder avec lui le mouvement En marche en 2016.
Cette augmentation des profils issus d’écoles de commerce traduit, selon Luc Rouban, « une accélération de l’indifférenciation entre des carrières mises au service de l’Etat ou bien du secteur privé » depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017. « Le politique devient un job comme un autre », analyse l’auteur de l’ouvrage Les Racines sociales de la violence politique (L’Aube, 2024, 192 pages, 18,90 euros), qui interroge la crise de confiance entre les citoyens français et le personnel politique.
Je note une forte augmentation du nombre de ministres et secrétaires d’Etat diplômés d’une grande école de commerce depuis 2017. S’accentue alors un phénomène plus ancien, que l’on observe à partir du gouvernement Edouard Balladur [1993-1995] et qui concerne plus sensiblement les gouvernements de droite que de gauche.
On parle ici d’écoles de commerce privées et sélectives, pas de formations universitaires. La plupart d’entre elles sont prestigieuses, telles que HEC, l’Essec, l’Edhec ou encore l’ESCP. Quand 7 % des membres du gouvernement d’Edouard Balladur s’y étaient formés, cette proportion passe à 12,5 % sous Alain Juppé [1995-1997] puis à 19 % sous le gouvernement de Jean Castex [2020-2022], 24 % sous Elisabeth Borne [2022-2024], 28 % sous Gabriel Attal [2024], et enfin 35 % du gouvernement Michel Barnier.
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